Souvent, en formation, un stagiaire me pose cette question : doit-on écrire un compte rendu « sans faute » ou « sans fautes », un ciel « sans nuage » ou « sans nuages » ?
Ne culpabilisez pas si vous hésitez, car l’accord du nom qui suit la préposition « sans » n’est pas la règle d’orthographe la plus évidente…
Pour commencer, certaines locutions sont toujours au singulier :
- sans-gêne ;
- sans-abri ;
- sans détour ;
- sans commentaire ;
- sans doute ;
- sans retour ;
- sans-emploi.
Ensuite, le singulier s’impose lorsque le mot qui suit « sans » :
- qualifie une chose abstraite : un homme sans morale ; être sans pitié ; cela se comprend sans peine ;
- désigne un indénombrable : un café sans sucre (dans le sens « du sucre »).
Le nom qui suit « sans » est au pluriel lorsqu’il qualifie quelque chose de concret, qu’on peut dénombrer :
- une dictée sans fautes = il n’y en rarement qu’une ;
- une chemise sans manches = en principe il y en a deux ;
- un ciel sans nuages = on imagine également qu’il y en a plusieurs à la fois.
Mais, ATTENTION, on écrit :
- il a fait un sans-faute (locution invariable) ; retournez-moi ce document signé lundi sans faute ;
- un couteau sans manche ;
- un orateur est sans passion quand il n’est pas animé par la passion ; cet homme est sans passions s’il ignore les passions.
- une histoire sans paroles ; un homme sans parole (à qui on ne peut pas se fier).
Enfin, dans de nombreux cas, la nuance de sens est si mince que l’on trouve aussi bien le singulier que le pluriel : C’est un acteur sans défaut ou sans défauts (Littré).
Vous l’aurez compris, la règle est principalement dominée par la logique. Quelques locutions sont néanmoins à connaître par cœur…
Source : Académie française – Questions de langue
Formatrice et correctrice professionnelle
emma@solution-orthographe.fr